Interdiction totale des cryptomonnaies par la Banque centrale du Koweït

Interdiction totale des cryptomonnaies par la Banque centrale du Koweït oct., 28 2025

Calculateur de consommation énergétique du minage de crypto-monnaies

Consommation énergétique du minage

Le Koweït a pris une décision sans précédent dans la région du Golfe : il a interdit complètement toutes les activités liées aux cryptomonnaies. Ce n’est pas une simple mise en garde. Ce n’est pas une restriction partiellement appliquée. C’est une interdiction totale, soutenue par la loi, et activement enforced par plusieurs agences gouvernementales. Depuis juillet 2023, toute transaction, tout investissement, toute mine de Bitcoin ou d’Ethereum sur le territoire koweïtien est illégale - et les autorités ne plaisantent pas.

Une interdiction coordonnée, pas une simple déclaration

Ce n’est pas la Banque centrale du Koweït (CBK) qui a agi seule. Elle a travaillé en étroite collaboration avec quatre autres organismes officiels : l’Autorité des marchés des capitaux, l’Unité de régulation des assurances, le ministère du Commerce et de l’Industrie, et le ministre d’État pour la Jeunesse. Chacun a publié un arrêté spécifique pour couvrir tous les angles. La CBK a interdit aux banques et aux entreprises de financement d’accepter, d’échanger ou de faciliter des transactions en cryptomonnaies. L’Autorité des marchés des capitaux a banni toute offre d’investissement liée aux actifs numériques. Le ministère du Commerce a averti les consommateurs : « Ne faites pas confiance à ces produits. » Ces mesures ne sont pas arbitraires. Elles répondent à une norme internationale : la Recommandation 15 du Groupe d’action financière (FATF), qui vise à lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le Koweït a choisi de les appliquer de manière plus stricte que n’importe quel autre pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Tandis que les Émirats arabes unis ou Bahreïn développent des cadres juridiques pour les cryptos, le Koweït a fermé la porte à double tour.

Pas de paiement, pas d’investissement, pas de mine

L’interdiction couvre quatre domaines clés. Premièrement, aucun paiement en cryptomonnaie n’est autorisé. Vous ne pouvez pas payer votre facture d’électricité, votre loyer ou vos courses en Bitcoin, même si quelqu’un accepte de vous le vendre. Deuxièmement, aucun investissement. Pas de trading, pas de portefeuilles, pas de fonds d’investissement en crypto. Les sociétés locales ne peuvent pas proposer ces services à leurs clients. Troisièmement, aucune licence ne sera jamais délivrée pour des activités liées aux actifs numériques - et aucune n’a jamais été délivrée. Quatrièmement, aucune mine. Le minage de Bitcoin, d’Ethereum ou de tout autre cryptomonnaie est interdit. Cela inclut les petits mineurs avec une seule machine dans leur garage, comme les grandes exploitations industrielles.

Le minage illégal : un problème d’électricité et de sécurité publique

Le minage illégal est devenu un problème d’État. En avril 2025, le ministère de l’Intérieur a révélé que plus de 1 000 sites de minage avaient été identifiés à travers le pays. Ces installations consomment une quantité énorme d’électricité. Selon les données du ministère de l’Électricité, de l’Eau et de l’Énergie renouvelable, une seule mine de Bitcoin au Koweït peut consommer autant d’énergie qu’un petit pays - jusqu’à 140 336 GWh par an, soit plus que l’Ukraine ou la Malaisie. Le Koweït a l’électricité la moins chère au monde, grâce à des subventions massives. Cela en fait un paradis naturel pour le minage… et un cauchemar pour le réseau national.

Les autorités ont averti : ces mines surchargent les réseaux électriques, provoquent des coupures imprévues, et mettent en danger les hôpitaux, les écoles et les foyers. La loi n° 56 de 1996 (loi sur l’industrie), la loi n° 31 de 1970 (code pénal), la loi n° 37 de 2014 (régulation des technologies) et la loi n° 33 de 2016 (municipalité) sont toutes citées comme fondement juridique pour poursuivre les mineurs. Les infractions peuvent entraîner des amendes, la saisie des équipements, et même des poursuites pénales.

Une autorité étatique détruit des cryptomonnaies dans une cour d'justice symbolique, entourée de quatre agences officielles.

Un pays qui rejette les cryptos… mais explore la monnaie numérique de la banque centrale

Ce n’est pas parce que le Koweït rejette les cryptomonnaies privées qu’il rejette la technologie. Au contraire. La Banque centrale étudie activement la possibilité de lancer une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Ce n’est pas une crypto. Ce n’est pas une monnaie décentralisée. C’est une version numérique du dinar koweïtien, entièrement contrôlée par l’État. Cela permettrait aux citoyens de faire des paiements numériques sans passer par les banques traditionnelles - tout en restant sous contrôle total du gouvernement.

En parallèle, le Koweït a adopté la loi sur les soukouk (obligations islamiques) pour renforcer son système financier traditionnel, et a autorisé l’émission de 30 milliards de dinars koweïtiens (environ 97 milliards de dollars) en dettes publiques. Ces choix montrent une volonté claire : privilégier les instruments financiers traditionnels, transparents, et régulés. Les cryptomonnaies ne sont pas simplement mal vues - elles sont perçues comme une menace à la stabilité du système financier national.

Une position unique dans la région

Le Koweït est le seul pays du Golfe à avoir adopté une interdiction aussi complète et aussi rigoureusement appliquée. Le Qatar, qui partageait cette position en 2023, commence à ouvrir des portes pour les actifs numériques dans sa zone financière libre. Les Émirats arabes unis ont créé des licences pour les exchanges. Bahreïn a mis en place un cadre réglementaire clair. Le Koweït, lui, n’a pas bougé. Il a renforcé ses mesures. Il a intensifié les contrôles. Il a mis en place une chasse aux mines avec des inspections sur le terrain, des signalements par les citoyens, et des campagnes de sensibilisation dans les écoles.

Pourquoi cette rigidité ? Parce que les autorités croient que les cryptomonnaies sont intrinsèquement dangereuses : volatiles, non régulées, utilisées pour le crime, et énergivores. Elles ne servent pas l’économie réelle. Elles ne créent pas d’emplois. Elles ne soutiennent pas les entreprises. Elles ne protègent pas les consommateurs. Pour le Koweït, la réponse n’est pas de réguler les cryptos - c’est de les éliminer.

Divide numérique : une monnaie numérique d'État sécurisée à gauche, un Bitcoin détruit à droite, dans un paysage désertique.

Que faire si vous êtes au Koweït et que vous détenez des cryptos ?

Si vous possédez des cryptomonnaies, vous n’êtes pas en infraction simplement en les détenant. Mais si vous les échangez, les utilisez pour payer, ou les minez, vous enfreignez la loi. Les banques surveillent les transactions suspectes. Les autorités peuvent tracer les transferts vers des portefeuilles externes. Les mineurs ont déjà été arrêtés. Les équipements ont été confisqués. Les amendes peuvent atteindre plusieurs milliers de dinars.

La meilleure stratégie ? Ne pas jouer avec le feu. Si vous avez des cryptos, gardez-les en sécurité, mais n’en faites rien. Ne les utilisez pas. Ne les échangez pas. Ne les minez pas. Les autorités ne cherchent pas à punir les particuliers qui ont acheté des cryptos avant l’interdiction - mais elles ne toléreront aucune activité continue.

Et l’avenir ?

Il n’y a aucun signe que le Koweït va revenir sur sa décision. La réglementation est trop bien structurée, trop bien appliquée, et trop ancrée dans la logique de sécurité nationale. Même si les prix des cryptomonnaies flambent, même si d’autres pays adoptent des cadres plus souples, le Koweït restera un îlot de résistance. Son modèle est clair : un système financier stable, contrôlé, et énergétiquement responsable. Les cryptomonnaies n’ont pas leur place dedans.

Le Koweït n’est pas contre la technologie. Il est contre l’instabilité. Il est contre le risque. Il est contre le gaspillage. Et il a choisi de le dire - et de l’agir - avec une clarté sans équivalent dans la région.

Pourquoi le Koweït interdit-il les cryptomonnaies alors que d’autres pays du Golfe les acceptent ?

Le Koweït considère les cryptomonnaies comme une menace pour la stabilité financière, la sécurité énergétique et la lutte contre le blanchiment d’argent. Contrairement aux Émirats ou à Bahreïn, qui veulent attirer les entreprises de blockchain, le Koweït privilégie un système financier traditionnel, contrôlé par la Banque centrale. Son modèle repose sur la prévention, pas sur la régulation. Il préfère interdire complètement plutôt que d’essayer de surveiller un marché qu’il juge intrinsèquement dangereux.

Est-ce illégal d’acheter des cryptomonnaies à l’étranger et de les garder chez soi au Koweït ?

Oui, posséder des cryptomonnaies n’est pas illégal en soi. Mais toute activité liée à ces actifs - les échanger, les utiliser pour payer, les miner, ou les transférer à des tiers - est strictement interdite. Si vous achetez des cryptos à l’étranger et les gardez dans un portefeuille personnel sans les utiliser, vous ne violez pas la loi. Mais si vous les utilisez, même une seule fois, vous risquez des sanctions.

Quelles sont les sanctions pour le minage illégal de cryptomonnaies au Koweït ?

Les sanctions peuvent inclure la saisie immédiate des équipements de minage, des amendes pouvant atteindre plusieurs milliers de dinars koweïtiens, et des poursuites pénales selon les lois sur l’industrie, le code pénal et la régulation des télécommunications. Plus de 1 000 sites ont déjà été identifiés, et les autorités ont annoncé qu’elles agiront avec la plus grande fermeté contre les contrevenants.

La Banque centrale du Koweït va-t-elle lancer sa propre cryptomonnaie ?

Non, elle ne lancera pas de cryptomonnaie. Mais elle étudie la possibilité de créer une monnaie numérique de banque centrale (CBDC), qui serait une version numérique du dinar koweïtien, entièrement contrôlée par l’État. Contrairement au Bitcoin, cette monnaie n’est pas décentralisée, ne peut pas être minée, et n’est pas accessible au public sans autorisation. C’est un outil de paiement numérique, pas une alternative au système financier existant.

Les banques koweïtiennes peuvent-elles proposer des services liés aux cryptomonnaies ?

Non, aucune banque, société de financement ou entreprise de change autorisée par la Banque centrale du Koweït ne peut offrir, traiter ou faciliter des transactions en cryptomonnaies. Cela inclut les paiements numériques, les conversions, les portefeuilles ou les services d’intermédiation. Toute violation entraîne des sanctions disciplinaires, financières, et potentiellement la révocation de la licence de l’institution.

8 Commentaires

  • Image placeholder

    Stephane Castellani

    octobre 28, 2025 AT 13:21
    C’est une décision courageuse. Le Koweït a choisi la stabilité plutôt que le bruit. Bon pour eux.
  • Image placeholder

    Blanche Dumass

    octobre 28, 2025 AT 21:50
    Je trouve ça fascinant… comme si la technologie était un serpent qu’on préfère écraser plutôt que d’apprendre à danser avec. Mais bon, peut-être que la paix vaut plus que la révolution.
  • Image placeholder

    Philippe Foubert

    octobre 29, 2025 AT 21:47
    Bro, le minage illégal c’est du délire. 140k GWh ? C’est pas une mine, c’est un réacteur nucléaire dans un garage. Et les gars qui pensent que c’est du free money ? Ils vont se faire pincer avec leur ASIC et leur facture d’élec à 5000 KD. L’État a raison. Pas de crypto, pas de chaos.
  • Image placeholder

    Genevieve Dagenais

    octobre 30, 2025 AT 12:03
    Il est grand temps que l’Occident regarde ce que font les pays sérieux. Le Koweït, en une seule décision, a démontré qu’il ne se laisse pas piéger par les chimères financières de Wall Street. La monnaie est un outil d’État, pas un jeu de casino. Ceux qui critiquent cette interdiction n’ont jamais compris ce qu’est la souveraineté économique.
  • Image placeholder

    Carmen Wong Fisch

    octobre 30, 2025 AT 17:38
    Ok. Donc… ils interdisent les cryptos. Et alors ?
  • Image placeholder

    Jeanette van Rijen

    novembre 1, 2025 AT 02:37
    La mise en œuvre de cette politique démontre une cohérence institutionnelle rare. La coordination entre la CBK, l’AMC, le ministère du Commerce et les autorités énergétiques est un modèle de gouvernance intégrée. La CBDC, quant à elle, représente une transition technologique maîtrisée, sans compromis sur la stabilité macroéconomique.
  • Image placeholder

    prima ben

    novembre 2, 2025 AT 09:04
    Mais t’as vu les mineurs ? Ils sont dans leur chambre avec 10 cartes graphiques en train de chauffer leur appart ! C’est pas juste, moi j’ai payé mes impôts et eux ils consomment l’électricité de tout le monde ! J’en peux plus !
  • Image placeholder

    La T'Ash Art

    novembre 3, 2025 AT 02:33
    L’interdiction est logique. L’énergie est un bien commun. Le minage est une externalité négative. La CBDC est une évolution naturelle. Rien de plus à dire

Écrire un commentaire