Politique cryptomonnaie de la Banque Centrale de Tunisie: bilan, cadre et perspectives 2025
avril, 14 2025
Analyse de la Politique Cryptomonnaie en Tunisie
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Depuis 2018, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) est l’autorité qui a instauré l’interdiction totale des transactions en crypto‑actifs sur le territoire national. Cette décision, prise dans un contexte de fuite de capitaux et de risques de blanchiment, place la Tunisie parmi les rares pays à maintenir une politique cryptomonnaie Tunisie strictement prohibitive. Pourtant, derrière ce verrou, la BCT exploite un sandbox blockchain programme d’expérimentation encadrée visant à tester des solutions basées sur la technologie des registres distribués. L’article décortique les origines, le dispositif actuel et les scénarios d’évolution possibles, afin que vous sachiez exactement où en est la régulation tunisienne en 2025.
Résumé rapide
- Interdiction totale des transactions en crypto depuis mai 2018; sanctions allant jusqu’à 5ans d’emprisonnement.
- Le sandbox autorise un nombre limité de fintech à tester la blockchain sous supervision depuis 2020.
- Pas de CBDC officiel, mais un prototype d’e‑Dinar étudié en 2019.
- Le cadre légal implique la BCT, le Ministère des TIC & Économie Numérique et le Conseil du Marché Financier.
- Des perspectives de souplesse: discussions ministérielles depuis 2021, mais aucune modification concrète à ce jour.
Historique de la politique cryptomonnaie en Tunisie
Entre 2013 et 2017, le marché tunisien était quasi invisible: des échanges de Bitcoin se faisaient dans des groupes de messagerie sans surveillance officielle. Cette zone grise a pris fin avec le décret de mai 2018 qui a explicitement interdit toute forme d’échange, de paiement ou de détention de cryptomonnaies sans autorisation de l’État. La décision s’appuyait sur deux constats majeurs: la crainte d’une fuite de capitaux hors du dinar tunisien et le risque de financement du terrorisme. Le même texte a donné aux douanes le pouvoir de saisir le matériel de minage à la frontière.
Un premier rebondissement est apparu en 2019 lorsqu’une équipe de la BCT a testé un CBDC e‑Dinar, monnaie digitale émise par la banque centrale. Le projet n’a jamais dépassé le stade de la preuve de concept, mais il a montré un intérêt latent pour les solutions numériques. En 2021, un adolescent a été incarcéré pour un échange de quelques dizaines de dollars en Bitcoin, déclenchant des débats au sein du cabinet ministériel sur la possible décriminalisation de petits usagers. Aucun changement législatif n’a suivi, mais la discussion a laissé une trace dans les mémoires.
Cadre réglementaire actuel
Le dispositif de 2018 reste en vigueur et se décline en plusieurs volets:
- Interdiction des paiements en crypto: les commerçants ne peuvent pas accepter de pièces numériques comme moyen de règlement.
- Interdiction du minage: l’importation d’équipements ASIC est illégale et les douanes peuvent confisquer tout matériel suspect.
- Interdiction des plateformes d’échange: aucune licence ne peut être délivrée pour opérer une bourse de crypto‑actifs.
- Sanctions pénales: jusqu’à 5ans de prison et des amendes importantes pour les contrevenants, tant physiques que moraux.
Sur le plan législatif, le cadre s’appuie sur la loi de 2016 qui garantit l’indépendance de la BCT (exigence de l’accord de prêt du FMI en 2013) et sur le code monétaire et financier qui encadre les opérations de change. Le Conseil du Marché Financier (CMF) organe de supervision des marchés de capitaux, chargé de réguler les titres tokenisés en cas de levée du blocage reste en veille.
Institutions et gouvernance
La politique cryptomonnaie tunisienne repose sur une collaboration étroite entre trois acteurs majeurs:
- Banque Centrale de Tunisie autorité monétaire qui définit la prohibition et supervise le sandbox.
- Ministère des TIC & Économie Numérique responsable de la stratégie digitale nationale, incluant le projet Digital Tunisie 2025.
- Conseil du Marché Financier (CMF) organe de régulation des valeurs mobilières, qui interviendrait si les tokens deviennent légaux.
Chaque entité a un rôle clairement défini: la BCT concentre le contrôle monétaire, le ministère pilote les initiatives technologiques, et le CMF assure la conformité des actifs financiers futurs.
Sandbox blockchain : expérimentation sous contrôle
Depuis 2020, la BCT met à disposition un programme de sandbox qui autorise des fintech à tester des cas d’usage blockchain en environnement restreint. Les modalités sont strictes:
- Durée de 6 à 12mois par cohort.
- Limite de volume transactionnel (quelques dizaines de milliers de dinars).
- Obligation d’héberger l’infrastructure à l’extérieur du territoire pour éviter le contournement du blocage.
Parmi les startups sélectionnées, on retrouve:
- VFunder - plateforme de financement participatif créatif.
- HydroE‑Blocks - solution de suivi carbone basée sur la blockchain.
- NoPhobos - dispositif d’émission de NFTs générés par IA.
Ces projets n’utilisent pas les cryptomonnaies comme monnaie d’échange, mais exploitent la technologie blockchain registre distribué garantissant la traçabilité et l’immuabilité des données pour des cas d’usage publics (supply‑chain, registre foncier, subventions).
Comparaison régionale: où se situe la Tunisie?
| Pays | Statut crypto (interdiction / restriction) | Sandbox blockchain officiel | Projet CBDC |
|---|---|---|---|
| Algérie | Interdiction totale | Non | En étude |
| Maroc | Interdiction totale | Non | Projet pilote 2024 |
| Égypte | Restriction: interdiction de paiement, échange autorisé sous licence | Oui, depuis 2022 | Egyptian Digital Pound (phase 1) |
| Arabie Saoudite | Régulation stricte, licences limitées | Oui, programme «FinTech Saudi» | e‑Riyal (en cours) |
| Tunisie | Interdiction totale (décret 2018) | Oui, BCT Sandbox depuis 2020 | E‑Dinar prototype 2019 (non déployé) |
La Tunisie partage la sévérité de l’interdiction avec l’Algérie et le Maroc, mais se démarque par le sandbox qui montre une volonté d’expérimenter la blockchain sans autoriser les cryptomonnaies publiques. Cette double approche est rare dans le bassin et pourrait servir de modèle de transition.
Perspectives et scénarios d’évolution
Plusieurs facteurs pourraient influencer un assouplissement de la politique:
- Pressions économiques: la diminution des réserves de change et la hausse du financement externe pourraient pousser le gouvernement à chercher des sources alternatives de liquidité, y compris les actifs numériques.
- Débats institutionnels: les discussions amorcées en 2021 après l’incarcération du jeune ont laissé la porte ouverte à une possible décriminalisation des petites transactions.
- Succès du sandbox: si les projets pilotes démontrent des gains d’efficacité (traçabilité de subvention, réduction de fraude), la BCT pourrait élargir le périmètre et envisager une forme de tokenisation autorisée.
- Environnement régional: les initiatives de CBDC des voisins (Égypte, Arabie Saoudite) créeront des comparaisons directes et pourraient inciter la Tunisie à reconsidérer son approche.
Deux scénarios principaux se dessinent:
- Scénario conservateur: maintien de l’interdiction avec seulement le sandbox comme filet d’expérimentation. Les sanctions restent strictes, mais les autorités offrent davantage de clarifications sur les procédures d’obtention d’exemptions.
- Scénario progressif: adoption graduelle d’un cadre «licence limitée», permettant aux fintech de proposer des services de paiement en stablecoins émis par une entité publique, tout en conservant le contrôle monétaire.
Pour l’instant, la BCT n’a annoncé aucune évolution officielle, mais les signaux du ministère et les rapports du groupe FSB MENA indiquent que la discussion est vivante. Les observateurs recommandent aux acteurs locaux de préparer des dossiers de conformité dès maintenant, notamment en matière de KYC/AML, afin d’être prêts si le cadre s’assouplit.
Foire aux Questions
La Tunisie autorise‑t‑elle le minage de cryptomonnaies?
Non. Depuis le décret de 2018, l’importation d’équipements de minage (ASIC, GPU) est interdite et les douanes peuvent les saisir. Le minage domestique sans matériel importé est considéré comme une violation du contrôle des changes.
Quelles sanctions encourent les particuliers qui possèdent des cryptomonnaies?
Le code monétaire prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et des amendes pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de dinars. La sévérité dépend du montant et de l’intention de transférer les actifs hors du pays.
Le sandbox de la BCT est‑il ouvert aux projets étrangers?
Oui, à condition que le projet soit domicilié à l’étranger, que le volume d’opérations reste limité et que le consortium soumette un dossier complet incluant KYC/AML. Les startups tunisiennes participent souvent via une entité offshore.
Un e‑Dinar est‑il prévu dans les prochains mois?
Après le prototype de 2019, la BCT n’a pas annoncé de calendrier officiel. Le projet reste en phase de recherche, tandis que les discussions portent sur la viabilité d’une CBDC dans le cadre de la stratégie Digital Tunisie 2025.
Comment la Tunisie se compare‑t‑elle aux autres pays du Maghreb en matière de crypto?
Algérie et Maroc appliquent également une interdiction totale, mais aucun d’eux ne propose de sandbox. L’Égypte, plus souple, autorise les licences d’échange sous strict contrôle. La Tunisie se situe donc au croisement d’une prohibition stricte et d’une expérimentation contrôlée via le sandbox.
Louis Karl
octobre 4, 2025 AT 10:31bon j'ai lu l'article mais franchement c'est quoi cette histoire de bloquer les crypto alors que tout le monde en utilise ? c'est comme interdire internet parce qu'il y a des sites pédophiles...
yves briend
octobre 4, 2025 AT 23:38Le sandbox de la BCT est une avancée stratégique majeure. En isolant l'infrastructure blockchain des actifs crypto, ils créent un environnement de R&D sécurisé sans compromettre la souveraineté monétaire. C'est une approche hybride très sophistiquée, comparable au modèle singapourien mais avec une rigueur institutionnelle typiquement tunisienne. Le fait que les projets soient hébergés hors territoire est une astuce juridique brillante pour contourner les contraintes du code monétaire sans les violer. C'est du policy engineering de haut niveau.
Sabine Petzsch
octobre 5, 2025 AT 17:23Je trouve ça fou qu'on puisse envoyer des NFT générés par IA mais qu'on ne puisse pas acheter un Bitcoin... la Tunisie est en train de créer un paradoxe numérique qui va finir par exploser. 😅
Laurent Beaudroit
octobre 5, 2025 AT 22:43La BCT agit comme une autorité responsable. Les pays qui ont légalisé les crypto sont en train de se faire dévorer par les escrocs et les spéculateurs. La Tunisie protège son peuple. Point. Fin de l'histoire. Ceux qui veulent des cryptos, qu'ils aillent en Égypte ou en Arabie Saoudite. Ici, on garde notre dinar, notre dignité et notre économie.
Marc Noatel
octobre 6, 2025 AT 05:43Le scénario progressif est le seul viable à long terme. La technologie blockchain n'est pas une menace, c'est un outil. Si le sandbox démontre qu'on peut réduire la fraude dans les subventions de 30%, alors pourquoi ne pas étendre le modèle à d'autres secteurs ? La CBDC n'est pas une question de si, mais de quand. La Tunisie a une opportunité unique de devenir un leader régional en gouvernance numérique.
Aude Martinez
octobre 6, 2025 AT 15:54les gens qui minent en Tunisie ils sont vraiment punis ou c'est juste pour faire peur ? j'ai entendu dire que certains ont des GPU dans leur garage et personne les dérange
René Fuentes
octobre 7, 2025 AT 15:31Je trouve ça cool que la Tunisie essaie de garder le contrôle tout en expérimentant. C'est pas facile de faire les deux en même temps. J'espère que les startups du sandbox vont réussir, parce que ça pourrait créer des emplois vraiment intéressants. Le futur est là, même si on le voit pas encore bien.
Martine Caillaud
octobre 8, 2025 AT 05:37Oh là là, le gouvernement qui interdit les crypto... mais qui autorise les NFT générés par IA ? C'est comme interdire les voitures mais autoriser les chevaux mécaniques. 😏 Je veux bien croire que c'est pour 'éviter les contournements', mais franchement, c'est du théâtre institutionnel. On sent que les technocrates sont en train de jouer avec le feu... et ils aiment ça.
Stephane Castellani
octobre 8, 2025 AT 12:15Le sandbox c'est la bonne voie. À suivre.
Blanche Dumass
octobre 9, 2025 AT 08:48Si la technologie peut rendre la vie plus juste, plus transparente, alors pourquoi la rejeter ? La peur de l'inconnu n'est pas une politique. C'est une excuse. La Tunisie a toujours été un pays de penseurs. Pourquoi arrêter de penser maintenant ?
Philippe Foubert
octobre 9, 2025 AT 16:12bon je suis un peu techno et j'ai vu le sandbox de la BCT... c'est pas juste un test c'est une stratégie de transition. les startups qui utilisent la blockchain pour la traçabilité des subventions, c'est du lourd. ça va révolutionner la gestion publique. et oui les gens, c'est pas du bitcoin mais c'est le vrai pouvoir de la tech. on est en train de construire l'avenir, pas de le craindre.
Genevieve Dagenais
octobre 9, 2025 AT 21:09La Tunisie, en tant que nation souveraine, a le droit et le devoir de protéger son système monétaire contre les spéculateurs internationaux et les paradis fiscaux numériques. Ceux qui critiquent cette politique ignorent l'histoire économique de notre pays et les leçons amères des crises des années 2010. La BCT agit avec la rigueur d'une institution qui ne sacrifie pas la stabilité pour une mode technologique. Ceux qui veulent des cryptomonnaies peuvent aller vivre à Dubaï ou à Singapour. Ici, on préfère la sécurité à la folie.
Carmen Wong Fisch
octobre 10, 2025 AT 17:34Ok. Intéressant. Je vais lire plus tard.
Jeanette van Rijen
octobre 10, 2025 AT 18:31La cohérence institutionnelle de ce cadre est remarquable. La séparation des rôles entre la BCT (contrôle monétaire), le ministère des TIC (innovation) et le CMF (supervision des actifs) crée une gouvernance en silos bien définis, évitant les conflits de compétences. Ce modèle pourrait servir de référence pour d'autres pays en développement. La clé réside dans la modularité du sandbox : il permet une évolution incrémentale sans rupture systémique. La tokenisation contrôlée des actifs publics est l'étape logique suivante.
prima ben
octobre 11, 2025 AT 01:08tu crois que si je fais un petit minage dans ma cave, ils vont venir me chercher ? j'ai juste un vieux GPU et je veux juste tester... c'est pas grave non ?
La T'Ash Art
octobre 11, 2025 AT 15:11La réponse à la question du minage domestique est implicite dans le décret de 2018. Toute opération de création de crypto-actifs constitue un transfert de valeur hors du système monétaire national, ce qui est expressément interdit par l'article 12 du code monétaire. Les autorités n'ont pas besoin de perquisitionner chaque foyer pour appliquer la loi. La présomption de violation est suffisante. Le risque n'est pas la technologie, mais la perte de contrôle sur les flux de capitaux.
Beau Payne
octobre 12, 2025 AT 03:11Je trouve ça incroyable que la Tunisie soit à la fois le pays le plus rigide en matière de crypto... et le seul à avoir un sandbox blockchain en Afrique du Nord. C'est comme si on disait 'non aux voitures, mais oui aux trains électriques'. 🤔 La BCT n'est pas contre la technologie, elle est contre l'anarchie. Et je pense qu'elle a raison. On peut avancer sans tout laisser dériver. 🙌