Comment créer une entreprise crypto dans les zones franches des ÉAU : guide complet 2025
nov., 25 2025
Créer une entreprise crypto dans les zones franches des Émirats arabes unis n’est pas une simple formalité administrative. C’est une stratégie qui exige de comprendre un système réglementaire précis, structuré, et qui évolue vite. En 2025, les ÉAU sont l’un des rares endroits au monde où une entreprise de crypto peut opérer légalement avec une transparence totale, des coûts maîtrisés, et un accès direct aux marchés régionaux. Mais ce n’est pas un terrain de jeu libre. Chaque zone franche a ses propres règles, ses propres autorités, et ses propres exigences en capital, en personnel et en conformité. Si vous pensez que tout ce qu’il faut, c’est un bureau dans un free zone et un nom de société, vous vous trompez.
Les trois autorités qui contrôlent tout
Il n’y a pas une seule autorité crypto dans les ÉAU. Il y en a trois principales, et chacune gère un territoire différent. Le Virtual Assets Regulatory Authority (VARA) est la plus importante pour les startups et les entreprises de taille moyenne. Créée en 2022, c’est la première agence au monde dédiée exclusivement aux actifs virtuels. Elle supervise tous les free zones de Dubaï, sauf le DIFC. Si vous voulez lancer un échange, un portefeuille, un service de garde ou même émettre un token, VARA est votre point d’entrée.
Ensuite, il y a l’Abu Dhabi Global Market (ADGM), avec sa régulation par la Financial Services Regulatory Authority (FSRA). Ici, ce n’est pas pour les petits projets. ADGM cible les institutions financières : fonds d’investissement, gestionnaires d’actifs, courtiers institutionnels. Les exigences sont plus élevées : capital minimum plus important, audits annuels rigoureux, systèmes de conformité alignés sur les normes européennes. C’est le choix des entreprises qui veulent être perçues comme des acteurs du système financier traditionnel, mais dans l’écosystème crypto.
Le troisième acteur est le Dubai International Financial Centre (DIFC), régulé par la Dubai Financial Services Authority (DFSA). C’est un compromis entre VARA et ADGM. Le DIFC a une réputation solide dans la finance classique, et il permet aux entreprises crypto de se connecter facilement aux banques, aux fonds d’investissement et aux avocats spécialisés en finance. Ce n’est pas aussi flexible que VARA, mais pas aussi rigide qu’ADGM.
En dehors de ces zones, c’est la Securities and Commodities Authority (SCA) qui régule. Mais si vous êtes dans une zone franche, vous n’avez pas besoin d’elle. C’est une erreur fréquente : croire qu’il faut une licence SCA pour tout. Non. Les zones franches sont des îlots juridiques. Vous choisissez votre zone, vous vous soumettez à son autorité. Point.
VARA : la porte d’entrée la plus accessible
Si vous êtes une startup, un projet de tokenisation, ou un service de custody, VARA est votre meilleur choix. Son système est modulaire. Vous ne demandez pas une licence "tout-en-un". Vous demandez une autorisation pour chaque activité. Par exemple : vous voulez lancer un portefeuille de crypto ? Vous demandez la licence "wallet provision". Plus tard, vous voulez ajouter un échange ? Vous demandez une deuxième autorisation. Pas besoin de tout payer d’un coup. C’est un avantage majeur.
Les coûts sont clairs en 2025 :
- Capital versé : entre 100 000 AED (27 000 $) et 1,5 million AED (408 000 $), selon l’activité
- Frais de demande : de 40 000 à 100 000 AED
- Frais annuels de supervision : de 80 000 à 200 000 AED
Les entreprises doivent aussi prouver qu’elles ont :
- Un plan d’affaires réaliste
- Un cadre de conformité anti-blanchiment (AML/CFT)
- Des systèmes de sécurité informatique certifiés
- Une assurance responsabilité professionnelle
- Des dirigeants passant le "fit and proper test" - c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de casier judiciaire, pas de sanctions financières, et qu’ils sont reconnus comme fiables
Et puis, il y a les tokens. VARA les divise en deux catégories. La Catégorie 1 : les tokens qui peuvent être émis par une entreprise licenciée, mais qui nécessitent une approbation séparée. La Catégorie 2 : les tokens qui doivent être distribués par un intermédiaire licencié. Et il y a des exceptions : les tokens "closed-loop" - comme les jetons d’un jeu ou d’une plateforme fermée - sont exemptés de licence, mais restent sous surveillance de VARA. Si vous pensez qu’un simple token sur Ethereum suffit, vous avez tort. La réglementation voit loin.
ADGM et DIFC : pour qui ?
ADGM n’est pas fait pour vous si vous êtes un petit projet avec un whitepaper et une équipe de 5 personnes. Ici, le capital minimum est souvent supérieur à 5 millions AED (1,36 million $). Les audits sont mensuels. Les contrôles de conformité sont plus stricts que dans l’UE. C’est pour les fonds de capital-risque, les plateformes d’investissement institutionnel, ou les banques qui veulent proposer des produits crypto à leurs clients riches.
Le DIFC, lui, est un bon choix si vous voulez rester à Dubaï, mais avoir des liens avec les banques traditionnelles. Beaucoup d’entreprises crypto dans le DIFC travaillent avec des banques locales pour des paiements en fiat, des comptes bancaires, ou des services de clearing. Ce n’est pas le plus rapide, mais c’est le plus stable. Si vous prévoyez de lever des fonds auprès d’investisseurs institutionnels, le DIFC donne plus de crédibilité.
La différence entre VARA et DIFC ? VARA est plus agile, plus orienté technologie. DIFC est plus orienté finance classique. Vous choisissez selon votre clientèle : des particuliers qui achètent des crypto ? VARA. Des fonds qui veulent investir dans des tokens sécurisés ? DIFC.
Les pièges à éviter
Beaucoup de startups se trompent sur trois points.
Le premier : croire que "zone franche" = "pas d’impôts" = "pas de règles". Faux. Les zones franches n’imposent pas d’impôt sur les bénéfices, mais elles imposent des règles strictes. Si vous ne respectez pas les exigences de conformité, votre licence est retirée. Et vous perdez tout.
Le deuxième : sous-estimer le temps. Le processus de licence prend entre 3 et 6 mois. Ce n’est pas un formulaire en ligne. Vous devez soumettre des documents en arabe et en anglais, passer des entretiens, répondre à des demandes d’information supplémentaires. Si vous pensez que vous allez lancer votre entreprise en 4 semaines, vous allez être déçu.
Le troisième : confondre licence et autorisation. Une licence vous permet d’opérer. Une autorisation vous permet d’effectuer une activité spécifique. Vous pouvez avoir une licence VARA pour la garde de crypto, mais pas l’autorisation pour émettre un token. Il faut les deux. Et chaque autorisation coûte cher.
Quel free zone choisir ?
Voici un résumé simple :
| Zone franche | Autorité | Capital minimum | Idéal pour | Temps de licence |
|---|---|---|---|---|
| Dubai (VARA) | VARA | 100 000 AED | Startups, échanges, portefeuilles, tokenisation | 3 à 6 mois |
| Dubai (DIFC) | DFSA | 500 000 AED | Entreprises liées à la finance traditionnelle, levées de fonds institutionnelles | 4 à 8 mois |
| Abu Dhabi (ADGM) | FSRA | 5 000 000 AED | Fonds, banques, gestionnaires d’actifs | 6 à 12 mois |
Le Dubai Multi Commodities Centre (DMCC) est aussi une option. Il n’a pas sa propre autorité crypto, mais il permet d’incorporer une société et d’obtenir une licence VARA via un partenaire. C’est un bon choix si vous voulez un bureau physique à Dubaï, sans passer par le centre-ville. Moins cher, mais plus de complications administratives.
Et le Digital Dirham ?
La Banque centrale des ÉAU teste actuellement le Digital Dirham, une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Ce n’est pas une crypto. C’est une version numérique du dirham, contrôlée par l’État. Mais cela change la donne. Les entreprises qui travaillent avec des stablecoins (comme USDT ou USDC) doivent maintenant se préparer à des interactions avec cette monnaie. La Banque centrale surveille les flux de paiement et les risques pour la stabilité monétaire. Ce n’est pas votre problème direct, mais c’est un signal : les ÉAU veulent contrôler l’ensemble de l’écosystème, pas juste les entreprises crypto.
Que faire après la licence ?
Obtenir la licence n’est que le début. Vous devez maintenant :
- Installer un système de suivi des transactions (KYC/AML)
- Former votre équipe aux normes de conformité
- Établir des contrats avec des auditeurs externes
- Publier des rapports annuels de conformité
- Éviter tout contact avec des entités sanctionnées (Iran, Corée du Nord, etc.)
Les entreprises qui ne font pas cela sont suspendues. Pas sanctionnées. Pas amnistiées. Suspendues. Et si vous êtes suspendu, vous perdez votre licence. Point final.
Conclusion : une opportunité, pas une facilité
Les ÉAU ne sont pas le "paradis crypto" que certains décrivent. Ce n’est pas un endroit où vous pouvez lancer un projet avec un site web et un Discord. C’est un environnement réglementé, exigeant, mais extrêmement clair. Si vous êtes prêt à investir du temps, de l’argent et de la rigueur, vous avez accès à un marché de 500 millions de personnes, à des infrastructures de pointe, et à une stabilité politique rare dans le monde crypto.
La question n’est pas "est-ce possible ?". La question est : "êtes-vous prêt à faire les choses correctement ?"
Puis-je créer une entreprise crypto sans être physiquement présent aux ÉAU ?
Oui, vous n’avez pas besoin d’être physiquement présent pour déposer votre demande. Vous pouvez travailler avec un agent local ou un cabinet juridique basé dans la zone franche. Mais vous devez nommer un représentant légal résident dans les ÉAU, et ce représentant doit être présent pour les réunions avec l’autorité de régulation. La plupart des entreprises engagent un service de "company formation" qui gère cela pour vous.
Quelles sont les taxes applicables aux entreprises crypto dans les zones franches ?
Il n’y a pas d’impôt sur les bénéfices dans les zones franches des ÉAU. Il n’y a pas d’impôt sur les dividendes, ni sur les gains en capital. Mais il y a une taxe sur les sociétés (CIT) à 9 % pour les entreprises qui génèrent plus de 375 000 AED de revenus par an et qui ne sont pas dans une zone franche. Les entreprises dans les zones franches sont exemptées, à condition que leurs revenus proviennent uniquement de l’extérieur des ÉAU. Si vous vendez à des clients locaux, vous pourriez être assujetti à la taxe. Consultez un expert fiscal.
Puis-je utiliser une banque traditionnelle avec une licence VARA ?
C’est difficile, mais possible. La plupart des banques locales refusent encore les comptes pour les entreprises crypto, surtout si elles ne sont pas dans le DIFC. Les entreprises VARA ont plus de chances d’obtenir un compte si elles ont un partenaire bancaire dans une juridiction reconnue (comme Singapour ou les Pays-Bas) ou si elles travaillent avec des banques spécialisées comme Emirates NBD ou Mashreq, qui ont des programmes dédiés aux crypto. Cela prend du temps et des garanties.
Quelle est la différence entre une licence VARA et une licence SCA ?
VARA gère les activités crypto dans les zones franches de Dubaï (sauf DIFC). La SCA gère les activités crypto en dehors des zones franches - c’est-à-dire pour les entreprises basées dans les autres émirats comme Sharjah ou Ras Al Khaimah. Si vous êtes dans une zone franche, vous n’avez pas besoin de la SCA. La SCA est aussi responsable de la classification des tokens comme valeurs mobilières. Mais elle ne délivre pas de licences pour les activités de trading ou de garde dans les zones franches.
Quels sont les risques si je lance une entreprise crypto sans licence ?
C’est une infraction pénale. Selon l’article 4 de la Résolution du Conseil des Ministres n°111 de 2022, toute activité de crypto sans licence est interdite. Les sanctions incluent des amendes allant jusqu’à 10 millions AED (2,7 millions $), la fermeture de votre entreprise, et même une interdiction de séjour dans les ÉAU. Les autorités ont déjà bloqué des sites web et des comptes bancaires de sociétés non autorisées. Ne prenez pas ce risque.
Lizzie Perrin
novembre 26, 2025 AT 23:59Je viens de finir ce guide et j’ai l’impression d’avoir lu un manuel de guerre froide pour les devs crypto… C’est pas un business, c’est un obstacle course avec des avocats en costume et des algorithmes qui te regardent mal.