Cryptomonnaies en Chine: protection juridique et risques pour les détenteurs en 2025
déc., 30 2024
Les détenteurs chinois de cryptomonnaies sont estimés à environ 58millions en 2025, mais évoluent dans un cadre légalincertain et souvent hostile. Entre interdiction totale, reconnaissance ponctuelle comme bien protégé et absence de protection officielle, la réalité quotidienne reste confuse. Cet article décortique les règles en vigueur, les risques concrets et les stratégies d’atténuation que chaque investisseur doit connaître.
1. Cadre légal actuel - ce que la loi dit (et ne dit pas)
Depuis septembre2021, la Chine classe les transactions de cryptomonnaies comme illégales. Les interprétations judiciaires de 2022 ont confirmé que tout litige lié à ces actifs était rejeté, car l’activité était jugée non‑licite. En 2025, deux événements majeurs ont crée une contradiction:
- Le 1juin2025, la Chine a publié un décret interdisant toute activité liée aux cryptomonnaies, y compris la détention.
- Le 11juillet2025, le même gouvernement a annoncé que le Bitcoin et d’autres cryptomonnaies seraient désormais considérés comme des biens protégés par la loi, ouvrant la porte à une interprétation plus nuancée.
Cette dualité montre que la législation n’est pas figée; chaque ministère (Banque populaire de Chine, Commission de régulation financière, etc.) publie des circulaires qui peuvent se contredire. En pratique, les autorités poursuivent surtout les activités commerciales (ICO, échanges, mining) mais restent prudentes sur la simple possession.
2. Protection juridique - pourquoi les actifs restent vulnérables
Le droit chinois ne reconnaît aucune propriété juridique des cryptomonnaies. Les contrats liés aux achats ou ventes sont jugés nuls, et les détenteurs ne peuvent pas invoquer les tribunaux pour récupérer une perte due à vol ou escroquerie. Les gains perçus sont qualifiés de produits illicites et peuvent être saisis.
En résumé, même si la détention «hors du cadre d’une activité économique» peut ne pas déclencher de sanction immédiate, aucun dispositif juridique ne garantit la sauvegarde de vos portefeuilles, en cas de piratage ou de litige avec un tiers.
3. Risques concrets - sanctions et confiscations
Les sanctions varient selon la gravité :
- Pénalités administratives: amendes pouvant atteindre 10% du montant impliqué ou 500000yuan.
- Peines criminelles: jusqu’à 5années d’emprisonnement pour «levée de fonds illégale» ou fraude financière impliquant des cryptos.
- Confiscation d’actifs: tout revenu issu d’activités jugées illégales est automatiquement saisi par les autorités.
Ces risques s’appliquent aux échanges centralisés, aux plateformes offshore accessibles via VPN, ainsi qu’aux opérations de minage qui ont été totalement prohibées depuis début 2025.
4. Zones grises - la détention “simple” peut survivre, mais à quel prix?
Le gouvernement n’a jamais explicitement criminalisé la possession d’une petite quantité d’actifs numériques tant que l’individu ne viole pas les règles de change, de lutte contre le blanchiment ou de financement du terrorisme. Cette ambiguïté crée un espace de manœuvre: les détenteurs conservent leurs coins dans des portefeuilles hors‑ligne (cold storage), loin des regards des banques.
Cependant, l’absence de protection signifie que si votre portefeuille est piraté, aucune réclamation ne sera acceptée par les tribunaux. De plus, toute tentative d’échange ou de conversion en monnaie fiat expose immédiatement votre compte à la surveillance des autorités.
5. Stratégies d’atténuation - comment limiter les risques
Voici les pratiques que les experts recommandent aux résidents chinois:
- Stockage hors‑ligne: utilisez des hardware wallets ou des paper wallets, jamais un exchange en ligne.
- Diviser les actifs entre plusieurs adresses pour réduire l’impact d’un vol éventuel.
- Utiliser des VPN fiables uniquement pour accéder à des plateformes offshore, tout en étant conscient du risque de contournement de la réglementation.
- Éviter les services financiers locaux (banques, paiements mobiles) qui pourraient signaler toute activité suspecte.
- Suivre les annonces officielles via les communiqués de la Banque populaire de Chine et du Bureau de la cybersécurité, afin d’anticiper d’éventuels durcissements.
Pour les traders actifs, la voie la plus sûre reste le marché OTC (over‑the‑counter) avec des partenaires de confiance, bien que cela implique des frais plus élevés et un risque de contre‑partie.
6. Cryptomonnaies vs e‑CNY - comparaison des enjeux
| Aspect | Cryptomonnaies privées | e‑CNY (yuan numérique) |
|---|---|---|
| Statut légal | Illégal pour activités commerciales, zone grise pour simple détention | Légal, émis et contrôlé par la Banque populaire de Chine |
| Protection juridique | Aucune - aucun recours judiciaire | Protection totale, garantie par l’État |
| Risques de confiscation | Élevés: gains et actifs peuvent être saisis | Minimes - seulement en cas de crime avéré |
| Traçabilité | Anonime mais surveillée via adresses IP et exchanges | Entièrement traçable par les autorités (identité liée à chaque transaction) |
| Utilisation internationale | Possibilité d’échange sur marchés étrangers (VPN requis) | Usage limité au territoire chinois et aux partenaires approuvés |
Le contraste montre clairement pourquoi le gouvernement pousse massivement le déploiement du yuan numérique: il combine contrôle, traçabilité et légalité, tandis que les cryptos restent une source d’incertitude juridique.
7. Perspectives pour 2026 et au‑delà
Les analystes convergent vers deux scénarios probables :
- Renforcement du bannissement: la Chine intensifie la surveillance, augmente les sanctions et déploie davantage de points de contrôle sur les VPN.
- Ajustement limité: face à la pression internationale et à la volonté des investisseurs de garder une porte d’entrée vers les marchés mondiaux, Pékin pourrait clarifier le statut de la simple détention, offrant éventuellement une reconnaissance minimale sans autoriser les transactions.
Quel que soit le chemin, le digital yuan continuera de gagner en parts de marché, tandis que les détenteurs de cryptomonnaies devront naviguer avec prudence, en privilégiant la sécurité technique et en restant informés des évolutions législatives.
FAQ - Questions fréquentes
Puis‑je garder du Bitcoin en Chine sans courir de risque juridique?
La simple détention dans un portefeuille hors‑ligne n’est pas explicitement interdite, mais aucun recours n’est possible en cas de perte ou de vol, et toute transaction commerciale reste illégale.
Quelles sanctions encourt‑on en cas de mining de cryptomonnaies?
Le minage a été totalement prohibé depuis 2025. Les contrevenants s’exposent à des amendes, à la confiscation du matériel et à des peines d’emprisonnement pouvant atteindre cinq ans.
Le e‑CNY peut‑il remplacer mon portefeuille crypto?
Le yuan numérique offre une stabilité et une protection légale, mais il ne fournit pas les mêmes libertés de transfert international ou d’anonymat que les cryptomonnaies privées.
Comment éviter les contrôles douaniers quand j’utilise un VPN pour accéder à des exchanges?
Il n’existe aucune garantie. Les autorités peuvent suivre le trafic internet et les paiements transfrontaliers. Le meilleur moyen reste de ne pas effectuer de transactions financières depuis le territoire chinois.
Existe‑t‑il une assurance pour mes cryptos en Chine?
Aucune compagnie d’assurance locale ne propose de couverture pour les actifs numériques, car ils sont considérés comme illégaux par le cadre réglementaire.
En somme, le paysage juridique chinois pour les cryptomonnaies reste turbulent. La meilleure défense est de rester informé, de sécuriser techniquement vos actifs et surtout d’éviter toute activité commerciale qui pourrait déclencher les lourdes sanctions du gouvernement.
Blanche Dumass
octobre 4, 2025 AT 19:03C’est fou comment la Chine joue avec le feu en prétendant interdire tout en reconnaissant tacitement que les gens ont déjà des bitcoins sous leur matelas. On dirait un parent qui dit ‘tu n’as pas le droit de manger des bonbons’… puis laisse son enfant en manger en cachette. La loi n’est plus une règle, c’est une suggestion avec des menaces.
Carmen Wong Fisch
octobre 5, 2025 AT 02:42Je vais juste dire que je trouve ça trop compliqué pour m’en soucier. Si je veux des cryptos, je vais en acheter ailleurs. Pas la peine de jouer à la roulette russe avec le gouvernement chinois.
Jeanette van Rijen
octobre 5, 2025 AT 11:48La dichotomie institutionnelle observée dans le cadre juridique chinois reflète une stratégie de contrôle asymétrique : l’État maintient une posture de prohibition formelle pour préserver la souveraineté monétaire, tout en tolérant une pratique informelle afin de canaliser les flux de capital vers des canaux régulés comme l’e-CNY. Cette dualité opérationnelle, bien que contradictoire sur le plan normatif, est cohérente avec les mécanismes de gouvernance autoritaire adaptative. Les détenteurs privés, en l’absence de reconnaissance juridique, doivent adopter une posture de sécurité technologique extrême - cold storage, segmentation des clés, isolation du trafic réseau - afin de minimiser l’exposition aux risques de confiscation et de surveillance systémique. L’absence de cadre légal ne signifie pas l’absence de risque, mais plutôt la délocalisation de la responsabilité vers l’individu, qui devient son propre notaire, sa propre banque, et son propre avocat.
prima ben
octobre 6, 2025 AT 09:32Je te comprends, mais franchement, tu penses vraiment que les gens en Chine vont se mettre à lire des circulaires de la Banque populaire pour savoir si leur Bitcoin est légal ? Moi j’ai un pote à Shanghai qui garde ses cryptos dans un vieux téléphone sous son lit, et il dit que les flics sont plus occupés à attraper les vendeurs de faux médicaments. C’est juste une histoire de qui a le pouvoir de faire la loi, pas de ce qui est juste. Et puis, tu crois que le e-CNY, c’est vraiment mieux ? Tu te fais surveiller en temps réel, tu n’as plus de vie privée, et ils peuvent te bloquer ton compte si tu achètes trop de livres d’art. Je préfère mon Bitcoin, même s’il peut disparaître demain.
La T'Ash Art
octobre 7, 2025 AT 05:34La complexité du cadre juridique actuel impose une prudence extrême aux détenteurs. Les stratégies de stockage hors ligne et de segmentation des actifs sont non seulement recommandées mais essentielles. L’absence de protection juridique ne doit pas être confondue avec une absence de risque. Les autorités n’ont pas besoin de déclarer la détention illégale pour la rendre dangereuse. La surveillance indirecte, les restrictions sur les transferts et la menace de confiscation suffisent à créer un climat de peur. Il est donc impératif de privilégier la sécurité technique au détriment de la commodité. Tout autre choix est une forme d’auto-exposition.