dYdX restreint des pays malgré son statut d'échange décentralisé
déc., 29 2025
Vous pensez que les échanges décentralisés sont libres, sans frontières, hors du contrôle des gouvernements ? dYdX vous montre le contraire. Ce qui se présente comme une plateforme de trading de dérivés crypto entièrement décentralisée impose en réalité des restrictions géographiques strictes - et elles sont bien plus puissantes qu’on ne le croit.
Un échange décentralisé… avec des murs
dYdX est lancé en 2017 par Antonio Juliano, un ingénieur de Princeton et ancien employé de Coinbase. Il voulait créer une bourse où les utilisateurs pourraient trader des contrats à terme sur crypto sans intermédiaire. Le slogan : « Décentralisé. Sans confiance. Sans censure. » Mais en pratique, si vous habitez aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Iran, en Corée du Nord, en Syrie, en Cuba, ou même dans certaines régions de l’Ukraine, vous ne pouvez pas trader sur dYdX. Même si vous utilisez un portefeuille non-custodial comme MetaMask, la plateforme bloque votre accès. Comment est-ce possible ? Si c’est décentralisé, pourquoi un serveur peut-il vous interdire d’entrer ? La réponse est simple : dYdX n’est pas entièrement décentralisé. Il utilise une architecture hybride. Les ordres et les liquidations se passent sur la blockchain - oui, c’est décentralisé. Mais l’interface que vous voyez, le site dydx.trade, est géré par dYdX Operations Services Ltd., une entité centralisée basée à Gibraltar. C’est elle qui bloque les IP, vérifie les adresses de portefeuille, et applique les sanctions. C’est comme si vous achetiez une voiture sans clé, mais qu’on vous interdisait d’entrer dans le garage où elle est garée.Quels pays sont bloqués ?
Les pays interdits sur dYdX suivent les listes de l’OFAC (Bureau du contrôle des actifs étrangers du Trésor américain). Voici les principaux :- États-Unis
- Royaume-Uni
- Canada
- Iran
- Cuba
- Corée du Nord
- Syrie
- Myanmar (Birmanie)
- Crimée
- Donetsk et Louhansk
- Irak
- Libye
- Mali
- République démocratique du Congo
- Côte d’Ivoire
- Nicaragua
- Somalie
- Soudan
- Yémen
- Zimbabwe
Comment ça marche quand vous êtes bloqué ?
Si vous essayez d’accéder à dYdX depuis un pays interdit, voici ce qui se passe :- Vous voyez un bandeau rouge : « Votre accès est restreint conformément aux lois internationales. »
- Vos ordres d’achat sont automatiquement convertis en ordres de vente uniquement (reduce-only).
- Vous ne pouvez plus déposer de crypto, ni transférer des fonds.
- Vous ne pouvez que fermer vos positions existantes.
- Si vous restez dans ce mode pendant 7 jours consécutifs, votre portefeuille est bloqué définitivement.
- Voir votre historique de trading
- Accéder à vos sous-comptes
- Effectuer des transactions via l’interface
Le paradoxe de dYdX
dYdX se vend comme une alternative décentralisée à Binance ou Coinbase. Mais il applique les mêmes règles que les grandes bourses centralisées. Pourquoi ? Parce qu’il veut rester légal. Le dYdX Foundation, basée à Zug, en Suisse, a lancé le token DYDX. La société dYdX Trading Inc. est enregistrée à New York. Ces entités existent pour répondre aux autorités financières. Sans elles, dYdX serait interdit partout dans le monde occidental. C’est un compromis : vous avez des fonctionnalités avancées (levier jusqu’à 20x, trading sur plus de 30 actifs comme BTC, ETH, SOL, AVAX), mais en échange, vous acceptez d’être surveillé. Ce n’est pas un échange décentralisé. C’est un échange semi-décentralisé - ou pire : un échange centralisé avec un peu de blockchain pour faire joli.Et les autres plateformes ?
La plupart des DEX comme Uniswap ou SushiSwap n’imposent pas de restrictions géographiques. Pourquoi ? Parce qu’elles ne gèrent pas d’interface frontale. Vous utilisez directement un contrat intelligent sur la blockchain. Personne ne peut vous bloquer - sauf si vous êtes sur une blockchain qui applique des sanctions (comme Ethereum avec les outils de traçage comme Chainalysis). Mais dYdX a choisi de garder un contrôle. Pourquoi ? Parce qu’il veut des investisseurs institutionnels. Parce qu’il veut être listé sur des bourses traditionnelles. Parce qu’il veut lever des fonds auprès de fonds de capital-risque comme a16z ou Sequoia. Et ces fonds ne veulent pas investir dans une plateforme qui risque d’être sanctionnée par le Trésor américain.
Que faire si vous êtes bloqué ?
Si vous êtes dans un pays bloqué et que vous voulez trader sur dYdX :- Ne cherchez pas à contourner les blocages avec un VPN. dYdX détecte les IP de proxy et les bloque aussi.
- Ne tentez pas de créer un nouveau portefeuille avec une adresse différente. dYdX suit les adresses liées à un même utilisateur.
- Si vous avez des positions ouvertes, fermez-les rapidement avant que votre compte ne passe en mode bloqué.
- Exportez votre phrase secrète. C’est votre seule sauvegarde.
Le vrai enjeu : la décentralisation est-elle possible avec la réglementation ?
dYdX n’est pas un cas isolé. C’est l’exemple parfait de ce que devient la DeFi quand elle veut grandir. Les pionniers du crypto pensaient que la blockchain permettrait d’échapper aux banques et aux États. Mais les gouvernements ont réagi. Ils ont imposé des règles. Et les projets ont dû choisir : rester idéalistes et mourir, ou se plier aux règles et survivre. dYdX a choisi de survivre. Et en faisant cela, il a trahi l’idée même de la décentralisation : l’absence de point de contrôle. La question n’est plus : « Est-ce que dYdX est décentralisé ? » Mais : « Est-ce qu’on peut vraiment avoir une finance décentralisée sans violer les lois des États ? » Pour l’instant, la réponse est non. Et dYdX le prouve chaque jour, en bloquant des millions d’utilisateurs derrière des murs numériques.Pourquoi dYdX bloque-t-il les utilisateurs selon leur pays alors qu’il est décentralisé ?
dYdX n’est pas entièrement décentralisé. Bien que ses contrats intelligents soient sur la blockchain, l’interface utilisateur (dydx.trade) est gérée par une entreprise centralisée, dYdX Operations Services Ltd. Cette entité applique les sanctions de l’OFAC en bloquant les adresses IP et les portefeuilles liés à des pays interdits. La décentralisation technique ne protège pas les composants centralisés de la plateforme.
Quels pays sont autorisés sur dYdX malgré les sanctions internationales ?
Des pays comme la Chine, la Russie, le Japon, la Corée du Sud et le Vietnam sont accessibles sur dYdX, même s’ils sont souvent ciblés par d’autres plateformes. Cela s’explique par des choix stratégiques de conformité : dYdX évite de bloquer des marchés où les sanctions américaines ne s’appliquent pas directement, ou où la pression réglementaire est moindre. Ce n’est pas une question de sécurité, mais de rentabilité et de conformité sélective.
Que se passe-t-il si je suis bloqué sur dYdX ?
Vous passez d’abord en mode « close-only » : vous ne pouvez plus déposer, ni ouvrir de nouvelles positions, mais vous pouvez fermer vos positions existantes. Si vous restez dans ce mode 7 jours, votre compte est bloqué définitivement. Vous perdez l’accès à votre historique, vos sous-comptes, et vos fonctions de trading. Seule la phrase secrète reste accessible - mais sans elle, vos fonds sont perdus.
Puis-je utiliser un VPN pour accéder à dYdX depuis un pays bloqué ?
Non. dYdX détecte les adresses IP de proxy et de VPN, et bloque automatiquement les tentatives de contournement. Même si vous changez d’IP, le système peut identifier votre portefeuille via des signaux comportementaux ou des liens avec des adresses précédentes. Cela augmente le risque de blocage permanent.
dYdX est-il plus sûr que Binance ou Coinbase ?
Techniquement, oui, pour les transactions : vos fonds sont stockés sur la blockchain et vous gardez vos clés. Mais en termes de sécurité d’accès, non. dYdX peut vous bloquer définitivement sans recours, comme une banque. Binance ou Coinbase vous bloquent aussi, mais ils offrent un service client. dYdX, lui, ne vous aide pas - il vous coupe simplement l’accès.