Miner du crypto au Nigeria : Loi, restrictions et cadre légal 2025
déc., 14 2025
Miner du bitcoin ou d'autres cryptomonnaies au Nigeria n'est pas interdit, mais c'est comme conduire sans permis dans un pays où la police peut vous arrêter à tout moment. En 2025, le pays a changé de cap : il ne bloque plus les cryptomonnaies, mais il les encadre si fort que la plupart des mineurs indépendants ne peuvent plus fonctionner comme avant.
Le minage n'est pas illégal… mais il est presque impossible
Il n'existe aucune loi au Nigeria qui interdise explicitement le minage de cryptomonnaies. Vous pouvez avoir un rack de ASICs dans votre garage, branché sur un générateur diesel, et personne ne viendra vous arrêter pour ça. Mais le problème, c'est que le gouvernement a rendu la vie impossible aux mineurs en bloquant tout ce qui leur permet de vivre de leur activité.
Le Central Bank of Nigeria (CBN) est la banque centrale du Nigeria, chargée de réguler le système financier national et d'interdire aux banques de traiter les transactions en cryptomonnaies a interdit aux banques de servir les entreprises de crypto en 2021. Même si cette interdiction a été levée en 2023, elle n'a pas été remplacée par une ouverture totale. Au lieu de ça, les banques ne traitent que les entreprises licenciées par la Securities and Exchange Commission (SEC) l'autorité nationale de régulation des marchés financiers, chargée de superviser les actifs numériques depuis 2025.
Donc, si vous minez et que vous voulez vendre vos bitcoins pour payer vos factures d'électricité, vous devez passer par une plateforme comme Quidax ou Busha - et ces plateformes, elles, doivent avoir un permis. Pas de permis ? Pas de compte bancaire. Pas de compte bancaire ? Pas de paiement. Pas de paiement ? Pas de minage rentable.
La loi ISA 2025 : tout ce qui touche aux cryptos devient une valeur mobilière
En 2025, le Nigeria a adopté l'Investments and Securities Act (ISA 2025) une loi nationale qui classe les actifs numériques comme des valeurs mobilières, soumettant tous les services crypto à une autorisation stricte de la SEC. Cela signifie que même si vous ne vendez pas de tokens, si vous offrez un service de minage en tant que service (MaaS), si vous gérez un pool de minage ou si vous permettez à des clients de louer votre puissance de calcul, vous êtes considéré comme un Virtual Asset Service Provider (VASP) un prestataire de services sur actifs virtuels, soumis à l'obligation d'obtenir un permis de la SEC.
Pour obtenir ce permis, vous devez :
- Avoir un siège social au Nigeria
- Être enregistré comme entreprise locale
- Déposer un capital minimum de 50 millions de nairas (environ 33 500 €)
- Souscrire une caution de fidélité de 10 millions de nairas
- Installer un bureau physique avec une équipe locale
- Passer une vérification approfondie par la SEC, l'EFCC et la NFIU
Ça, c'est pour les entreprises. Pour un mineur indépendant, c’est une autre histoire. La loi ne parle pas de vous directement - mais elle rend tout ce que vous faites dépendant de ces règles. Vous ne pouvez plus vendre vos bitcoins à un échange non autorisé. Vous ne pouvez plus recevoir des paiements en nairas via une banque. Vous êtes coincé.
Les taxes : un piège financier qui se referme
Le Nigeria Tax Administration Act (NTAA) 2025 une loi fiscale entrée en vigueur en 2026 qui impose des sanctions sévères aux fournisseurs de services sur actifs virtuels non conformes a été signée en juin 2025 et s’applique dès 2026. Si vous êtes un VASP - même si vous êtes un mineur qui vend régulièrement ses cryptos - et que vous ne vous êtes pas enregistré, vous êtes dans le collimateur.
Les amendes sont brutales :
- 10 millions de nairas (6 693 €) le premier mois de non-conformité
- 1 million de nairas (669 €) par mois ensuite
- Suspension ou révocation du permis de la SEC
- Accès des autorités à vos données télécoms pour traquer vos transactions
Imaginez que vous miniez 0,5 BTC par mois. À 60 000 $ le BTC, c’est 30 000 $ de revenus. Mais si vous ne vous enregistrez pas, vous perdez tout ça en amendes en moins de trois mois. Et la SEC peut fermer votre activité sans préavis.
Le vrai problème : l’électricité et les coûts
Le Nigeria a un problème plus vieux que les cryptomonnaies : l’électricité. Le réseau national est instable, les coupures sont quotidiennes, et la plupart des mineurs doivent compter sur des générateurs diesel. Un générateur de 10 kW consomme environ 15 litres de carburant par jour. À 400 nairas le litre, c’est 6 000 nairas par jour - soit 180 000 nairas par mois (120 €).
Comparez ça à la facture d’un mineur au Canada, où l’électricité coûte 0,05 $ le kWh. Au Nigeria, vous payez 0,20 $ à 0,30 $ le kWh avec un générateur. Et vous devez aussi remplacer les cartes graphiques plus souvent à cause de la chaleur et de la poussière.
Un minage rentable au Nigeria aujourd’hui ne peut exister que si :
- Vous avez accès à une source d’énergie bon marché (panneaux solaires, hydroélectricité locale)
- Vous utilisez des équipements ultra-économes (comme les ASICs de dernière génération)
- Vous vendez directement en P2P, sans passer par une banque
Mais même là, vous êtes en marge du système. Et si vous êtes arrêté pour non-conformité fiscale ? Vous n’avez aucun recours.
Le marché noir et les P2P : la survie des mineurs
Malgré tout, le Nigeria reste l’un des plus grands marchés de cryptomonnaies au monde. Entre juillet 2024 et juin 2025, les Nigérians ont échangé 92,1 milliards de dollars en cryptos - presque le double de l’Afrique du Sud.
Comment ? Grâce aux plateformes P2P comme Paxful, Binance P2P, et LocalBitcoins. Les mineurs vendent leurs bitcoins en échange de nairas via des transferts mobiles (Paga, Opay, Moniepoint) ou des transferts bancaires entre particuliers. C’est illégal, mais c’est la seule façon de survivre.
Le problème ? Ces transactions ne sont pas protégées. Si quelqu’un vous paie avec un virement frauduleux, vous ne pouvez pas demander de recouvrement. Les banques ne vous aident pas. La police ne vous protège pas. Vous êtes seul.
Les alternatives : partir ou se conformer
Beaucoup de mineurs nigérians ont déjà quitté le pays. Certains se sont installés au Canada, où les lois sont claires, l’électricité est bon marché, et les banques acceptent les transactions crypto. D’autres ont choisi le Kazakhstan, la Géorgie, ou même l’Éthiopie - où les autorités ont commencé à offrir des zones franches pour les mines de crypto.
Ceux qui restent doivent choisir : soit ils se lancent dans la course au permis SEC - ce qui demande des dizaines de milliers d’euros en capital, des bureaux, des avocats - soit ils continuent en sous-main, en risquant tout : amendes, saisie d’équipement, poursuites pénales.
Quel avenir pour le minage au Nigeria ?
Le Nigeria n’est pas contre les cryptomonnaies. Il veut juste les contrôler. La loi ISA 2025 et le NTAA 2025 montrent une volonté de s’aligner sur les normes mondiales - mais en les appliquant de façon très rigide.
Les entreprises comme Quidax et Busha ont réussi à obtenir leur licence. Elles sont maintenant des acteurs légaux. Mais elles ne minent pas elles-mêmes. Elles sont des échanges. Le minage reste un domaine gris.
La seule chance pour un mineur nigérian de rester légal est de devenir un VASP. Cela signifie : transformer son activité personnelle en entreprise avec un siège, un capital, un bureau, un comptable, et un avocat. Ce n’est pas du minage. C’est de la finance.
Le minage individuel, tel qu’on le connaissait en 2021, est mort. Ce qui reste, c’est une activité de niche, risquée, et réservée à ceux qui ont les ressources pour naviguer entre les lois, les banques, les générateurs et les autorités.
Que faire si vous minez déjà au Nigeria ?
Si vous êtes un mineur indépendant :
- Ne dépensez plus d’argent sur du matériel neuf. Les coûts d’électricité rendent la rentabilité très incertaine.
- Utilisez uniquement des plateformes P2P vérifiées. Évitez les échanges non autorisés.
- Conservez tous vos relevés de transactions. La SEC pourra vous demander des preuves.
- Ne payez pas vos impôts en cryptos. Convertissez en nairas et déclarez comme revenu.
- Si vous gagnez plus de 500 000 nairas par mois, envisagez de créer une entreprise pour obtenir un permis SEC - même si c’est cher.
Le Nigeria ne veut pas vous arrêter. Il veut vous enregistrer. Et pour ça, il a mis les bouchées doubles.
Sophie Spillone
décembre 15, 2025 AT 05:15Alors là, je suis choquée. Le Nigeria veut contrôler le minage ? C’est pas du régulation, c’est du fascisme digital ! 🤯 Les mineurs ne sont pas des banquiers, ils sont des artistes de l’ombre, des hackers de l’énergie ! Et maintenant, ils doivent déposer 50 millions de nairas pour avoir le droit de brûler du diesel en silence ? J’adore. Je vais créer une ONG : ‘Libérons les ASICs’ !