Cryptomonnaies en Égypte : 3millions d’utilisateurs malgré l’interdiction totale

Estimation du Nombre d'Utilisateurs de Cryptomonnaies en Égypte
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En plein cœur du Moyen‑Orient, l’Égypte a mis en place l’une des interdictions les plus strictes au monde contre les cryptomonnaies. Pourtant, des rumeurs parlent de 3millions d’utilisateurs qui continueraient à détenir du Bitcoin et d’autres actifs numériques, malgré le cadre légal prohibitif. Comment expliquer ce décalage apparent entre la loi et la réalité sur le terrain? Cet article décortique la législation, les sanctions, les motivations du ban, les traces d’une activité souterraine et les premiers signaux d’une possible évolution réglementaire.
Cadre juridique égyptien : un interdit catégorique
Le Banque Centrale d'Égypte (autorité monétaire chargée de la supervision du secteur financier) s’est appuyée sur la Loi n°194 de 2020 (loi sur le système bancaire et financier) pour ériger le pilier juridique de l’interdiction. L’article 206 stipule clairement que «l’émission, le commerce, la promotion ou l’exploitation de toute plateforme liée aux crypto‑actifs est interdite sans autorisation préalable de la Banque Centrale». Cette disposition place l’Égypte parmi les neuf pays qui interdisent totalement le Bitcoin, aux côtés de la Chine, du Bangladesh ou de l’Algérie.
Sanctions sévères : amendes et peines de prison
En cas de non‑respect, les peines sont dissuasives. Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant varier de 1million à 10millions d’Egyptian Pounds (environ 32000$ à 320000$) et à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans. La gravité de ces sanctions reflète la volonté du gouvernement d’assainir le système financier et de prévenir les risques associés aux monnaies virtuelles.
Pourquoi l’Égypte craint tant les cryptomonnaies?
- Volatilité extrême: les fluctuations rapides de prix menacent les épargnants peu informés.
- Fraude et escroqueries: l’absence de régulation favorise les arnaques pyramidales et les faux échanges.
- Blanchiment d’argent et financement du terrorisme: le caractère pseudo‑anonyme des transactions complique la traçabilité.
- Perte de contrôle monétaire: les autorités redoutent que les crypto‑actifs affaiblissent la souveraineté de la monnaie nationale, la livre égyptienne.
Ces motifs sont régulièrement cités par les porte‑paroles du CBE et justifient, à leurs yeux, le recours à une interdiction totale.

Activité clandestine : que savons‑nous réellement?
Évaluer le nombre exact de détenteurs de crypto en Égypte est quasi‑impossible. La loi interdit tout échange officiel, les transactions se font donc hors‑cadre, via des plateformes étrangères, des groupes Telegram ou des VPN. Les études de marché indépendantes peinent à collecter des données fiables, et les chiffres avancés (comme les 3millions) restent largement anecdotiques.
Quelques témoignages recueillis auprès de résidents du Caire et d’Alexandrie évoquent l’usage de Bitcoin (première crypto‑monnaie, souvent perçue comme «réserve de valeur») pour recevoir des paiements de freelances à l’étranger, ou encore l’achat de stablecoins (cryptomonnaies indexées sur le dollar pour réduire la volatilité) afin de protéger des économies contre l’inflation locale. Ces pratiques restent toutefois très risquées du fait du manque de protection juridique.
Vers une évolution réglementaire? Les premiers signaux
En 2024, des rapports ont indiqué que le CBE envisageait une réforme permettant d’accorder des licences à des entreprises crypto‑compatibles. Aucun texte définitif n’a encore été publié, mais la simple considération d’un tel cadre montre que l’interdiction pure n’est peut‑être plus jugée viable à long terme. Les raisons avancées: le besoin de capter les flux financiers déjà existants, la volonté d’attirer des investissements technologiques et la pression internationale pour harmoniser les pratiques.
Si une telle législation voit le jour, elle pourrait introduire:
- Un processus d’obtention de licence strict, incluant la vérification KYC/AML.
- Des exigences de capital minimum pour garantir la solvabilité des opérateurs.
- Une obligation de reporting régulier auprès du CBE.
Ces mesures viseraient à canaliser l’activité déjà existante vers des canaux contrôlés, tout en limitant les risques de blanchiment et de fraude.
Comparaison régionale: qui interdit, qui régule?
Pays | Statut légal | Sanctions principales | Évolution envisagée |
---|---|---|---|
Égypte | Interdiction totale (Loi 194‑2020, art.206) | Amendes de 1M-10M EGP, prison jusqu’à 5ans | Possible licences pour opérateurs agréés |
Algérie | Interdiction pure (décret 2009) | Amendes, peines d’emprisonnement | Aucun projet public connu |
Maroc | Interdiction des transactions, mais pas de possession | Sanctions financières, risque de clôture de comptes | Débat en cours sur une régulation encadrée |
Liban | Pas d’interdiction explicite, mais réglementation vague | Pas de sanctions spécifiques | Projet de cadre légal en phase de consultation |
Émirats arabes unis | Régulation permissive, licences émises | Amendes en cas de non‑conformité aux exigences AML/KYC | Renforcement des exigences de transparence |
Ce tableau montre que l’Égypte n’est pas isolée : plusieurs de ses voisins adoptent des approches similaires, mais le Moyen‑Orient compte aussi des modèles plus souples, comme les Émirats, qui ont choisi la régulation plutôt que l’interdiction.
Conseils pratiques pour les résidents égyptiens intéressés par la crypto
- Restez informé: surveillez les communiqués du CBE et les projets de loi en discussion.
- Utilisez des VPN de confiance pour masquer votre adresse IP si vous choisissez d’opérer hors du pays.
- Privilégiez les stablecoins pour limiter l’exposition à la volatilité.
- Ne jamais partager vos clés privées avec des tiers non vérifiés.
- Considérez les plateformes étrangères disposant de programmes KYC robustes, afin de réduire les risques de fraude.
Ces précautions ne garantissent pas l’immunité face aux sanctions, mais elles réduisent considérablement les chances d’être détecté ou d’être victime d’escroquerie.

FAQ
L’Égypte interdit‑elle réellement la possession de crypto?
Oui. L’article206 de la loi194‑2020 prohibe la détention, le commerce et la promotion des crypto‑actifs sans autorisation du CBE. La loi vise à protéger le système financier et à prévenir les risques de fraude.
Quelles sont les sanctions concrètes en cas de violation?
Les contrevenants peuvent être condamnés à une amende de 1million à 10millions d’EGP et à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans, selon la gravité de l’infraction.
Pourquoi les médias évoquent‑ils 3millions de détenteurs alors que la loi est stricte?
Ce chiffre provient surtout de spéculations et d’estimations non vérifiées. L’interdiction pousse l’activité sous le radar, rendant les mesures fiables très difficiles. Le manque de sources officielles explique l’incertitude.
L’Égypte envisage‑t‑elle une assouplissement de la loi?
Des discussions internes ont été signalées en 2024, suggérant que le CBE pourrait délivrer des licences à des plateformes crypto respectant des exigences strictes de conformité (KYC/AML). Aucun texte officiel n’est encore publié.
Comment réduire les risques si je veux quand même investir dans la crypto depuis l’Égypte?
Utilisez un VPN sécurisé, choisissez des plateformes étrangères qui appliquent le KYC, privilégiez les stablecoins pour limiter la volatilité, et ne partagez jamais vos clés privées. Restez informé des évolutions légales pour anticiper d’éventuels changements.
En résumé, le cadre légal égyptien est très restrictif, mais la réalité montre une petite marge de manœuvre pour les passionnés tech‑savvy, surtout tant que l’État n’a pas mis en place un dispositif de licences. Gardez à l’esprit que la législation peut évoluer; surveiller les annonces du CBE reste la meilleure façon de rester du bon côté de la loi.