Technologie des monnaies privées : Signatures en anneau et zk‑SNARKs

Technologie des monnaies privées : Signatures en anneau et zk‑SNARKs oct., 24 2025

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Vous avez sans doute remarqué que les crypto‑actifs dits « privacy » font la une des débats sur la blockchain. Pourquoi certaines monnaies cachent‑elles réellement l’expéditeur, le destinataire et le montant, alors que d’autres laissent tout en lumière ? La réponse se trouve dans deux techniques cryptographiques majeures : les signatures en anneau une méthode qui regroupe la signature d’un utilisateur avec d’autres signatures aléatoires afin de masquer la véritable provenance de la transaction et les zk‑SNARKs des preuves succinctes et non interactives qui permettent de vérifier la validité d’une transaction sans révéler aucune donnée sous‑jacente. Dans cet article, nous décortiquons leur fonctionnement, leurs avantages, leurs limites et leurs usages concrets dans les monnaies privées comme Monero et Zcash.

Comment fonctionnent les signatures en anneau ?

Imaginez que vous devez signer un message, mais que vous ne voulez pas que l’on sache qui vous êtes. La signature en anneau crée un cercle de signatures : votre propre signature et un groupe choisi parmi des sorties de transaction antérieures (les « decoys »). Le vérificateur ne peut pas distinguer votre vraie signature parmi le groupe, ce qui rend l’identification pratiquement impossible.

Dans Monero la crypto‑monnaie orientée confidentialité qui a popularisé les signatures en anneau dès 2014, cette technique est combinée à deux autres innovations :

  • Stealth Addresses : chaque destinataire reçoit une adresse unique à usage unique, rendant lier plusieurs paiements à la même entité très difficile.
  • RingCT (Ring Confidential Transactions) : les montants sont masqués grâce à des engagements cryptographiques, ajoutant une couche de confidentialité au montant transféré.

Le paramètre clé est la taille de l’anneau - le nombre de signatures incluses. En 2023, Monero impose un minimum de 16 signatures, ce qui augmente la taille d’une transaction de 15 à 20 fois par rapport à une transaction transparente, mais renforce nettement l’anonymat.

zk‑SNARKs : le principe de la preuve à connaissance nulle

zk‑SNARK signifie Zero‑Knowledge Succinct Non‑Interactive Argument of Knowledge. Le processus se déroule en trois étapes :

  1. Le prover génère une preuve cryptographique basée sur les détails de sa transaction (expéditeur, destinataire, montant) sans révéler ces valeurs.
  2. Le verifier vérifie la preuve ; il ne voit que la preuve elle‑même et constate qu’elle est valide.
  3. La preuve est extrêmement petite (100‑400 octets) et la vérification ne prend que 3 à 6 ms sur du matériel grand public.

Lors du lancement de Zcash la première monnaie privée à grande échelle qui utilise les zk‑SNARKs depuis 2016, une cérémonie de trusted setup était nécessaire : plusieurs parties génèrent un paramètre cryptographique partagé. Si au moins une partie reste honnête, le système reste sûr. Les versions récentes, comme la mise à jour NU5 (mai 2022), utilisent le système Halo 2 qui élimine totalement le besoin de trusted setup, résolvant ainsi un point de friction majeur.

Comparaison chiffrée : signatures en anneau vs zk‑SNARKs

Tableau comparatif des deux technologies majeures de confidentialité
AspectSignatures en anneau (Monero)zk‑SNARKs (Zcash)
Ce qui est cachéIdentité de l’expéditeur (via anneau) + Montant (via RingCT)Expéditeur, destinataire et montant (tout est chiffré)
Besoin de trusted setupNonOui, mais éliminé depuis Halo 2 (NU5)
Taille de transaction+15‑20× par rapport à transparentEnviron 2 KB pour une transaction blindée
Temps de génération≈ 1,2 s (CPU standard)40 s sur matériel moyen (avant Halo 2), 3‑6 s avec Halo 2
Scalabilité≈ 1 000 tx / bloc (2 min/block)≈ 1,2 tx / s (NU5)
Complexité d’intégration80‑100 h de formation120‑150 h, mais bibliothèques comme Circom réduisent de 35 %
Résistance aux attaques de chaîneDépend de la taille du ring (plus petit = plus vulnérable)Preuve mathématique solide, mais attaques sur les paramètres de setup (historique)

Ce tableau montre que chaque approche a ses forces. Les signatures en anneau offrent une anonymité d’expéditeur immédiate et ne demandent aucun setup spécial, mais alourdissent le réseau. Les zk‑SNARKs offrent une confidentialité totale mais demandent davantage de calculs et, historiquement, un trusted setup.

Scène BD d’une transaction Monero avec adresse furtive, decoys en cercle et montants masqués par RingCT.

Cas d’usage réels et retours de la communauté

Sur Reddit, 78 % des utilisateurs de Monero déclarent que les signatures en anneau rendent « impossible pour les exchanges de suivre mes transactions ». En revanche, 62 % des utilisateurs de Zcash se plaignent de la complexité de gérer les adresses blindées, souvent confondues avec les adresses transparentes.

Un exemple d’entreprise est le fintech européen qui utilise Panther Protocol une solution mixte qui combine zk‑SNARKs et révélations sélectives pour satisfaire les exigences réglementaires. En Q2 2023, elle a traité plus de 47 M$ de transactions DeFi tout en prouvant la conformité sans exposer les données sous‑jacentes.

Enjeux réglementaires et perspectives d’avenir

Les lois MiCA (UE, effectives depuis 2024) obligent les prestataires crypto à collecter les informations d’identité des utilisateurs. Cela pose un défi pour les monnaies privées, car les autorités demandent plus de transparence. Les zk‑SNARKs offrent une solution intéressante : les preuves sélectives permettent de démontrer la conformité sans divulguer les montants ou les adresses réelles.

Sur le plan technique, la prochaine étape est la résistance quantique. Monero travaille déjà sur des signatures en anneau résistantes aux ordinateurs quantiques, tandis que Zcash explore des zk‑SNARKs basés sur les réseaux de treillis. Les prototypes attendus pour 2024 pourraient déplacer la balance vers une nouvelle génération de privacypreserving coins.

Image BD d’un scientifique Zcash présentant une preuve zk‑SNARK sous forme de cristal, avec Halo 2 éliminant le trusted setup.

Conseils pratiques pour développeurs et utilisateurs

  • Développeurs : commencez avec les SDK de Circom et SnarkJS si vous ciblez zk‑SNARKs. Pour les signatures en anneau, la bibliothèque CryptoNote de Monero reste la référence.
  • Utilisateurs : choisissez toujours des adresses blindées sur Zcash pour profiter de la confidentialité totale, et assurez‑vous d’activer le mode « RingCT » sur Monero (c’est le défaut depuis la mise à jour 2017).
  • Audits de sécurité : surveillez les rapports de l’Open Privacy Research Society qui publie régulièrement des analyses de désanonymisation.

En suivant ces bonnes pratiques, vous réduisez les risques d’exposition et vous profitez pleinement des garanties offertes par chaque technologie.

Conclusion rapide

Les signatures en anneau et les zk‑SNARKs répondent à la même problématique : comment prouver la validité d’une transaction tout en préservant la confidentialité. L’une mise sur le regroupement de signatures, l’autre sur des preuves mathématiques. Le choix dépend de votre besoin : simplicité et anonymat d’expéditeur (Monero) ou confidentialité totale avec possibilité de conformité sélective (Zcash et solutions hybrides). Les deux chemins évoluent rapidement, surtout avec les avancées Halo 2 et les recherches quantiques, donc il faut rester à l’affût.

Qu’est‑ce qu’une signature en anneau ?

C’est une technique cryptographique qui combine votre signature avec d’autres signatures aléatoires, créant un groupe indiscernable qui masque l’identité réelle du signataire.

Comment les zk‑SNARKs assurent‑ils la confidentialité ?

Ils génèrent une petite preuve prouvant que la transaction respecte les règles du protocole sans révéler le contenu de la transaction (qui, qui, combien).

Quelle est la différence principale entre Monero et Zcash ?

Monero utilise des signatures en anneau, des adresses furtives et RingCT pour cacher le senders et le montant, tandis que Zcash masque l’ensemble des parties grâce aux zk‑SNARKs, offrant ainsi une confidentialité totale.

Les zk‑SNARKs nécessitent‑ils toujours un trusted setup ?

Historiquement oui, mais la mise à jour NU5 avec Halo 2 a supprimé cette exigence, rendant le système plus décentralisé.

Quel impact les régulations MiCA ont‑elles sur les monnaies privées ?

MiCA impose la collecte d’identité, ce qui complique l’usage des privacy coins. Les zk‑SNARKs permettent toutefois de fournir des preuves de conformité sans dévoiler les transactions.

2 Commentaires

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    Laurent Beaudroit

    octobre 24, 2025 AT 09:51

    Les monnaies privées comme Monero et Zcash sont une menace pour la souveraineté financière de la France, elles permettent aux criminels de se cacher derrière des algorithmes compliqués. Il faut interdire ces technologies avant qu'elles ne gangrènent notre système économique.

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    Marc Noatel

    octobre 31, 2025 AT 02:57

    Les signatures en anneau sont une des pierres angulaires de la confidentialité dans les crypto‑monnaies. Elles fonctionnent en regroupant votre signature avec un ensemble de signatures aléatoires appelées « decoys ». Le vérificateur ne peut alors pas distinguer votre vraie signature du groupe, ce qui rend l’identification presque impossible. Dans Monero, ce mécanisme est combiné avec les adresses furtives et le RingCT, de sorte que l’adresse du destinataire et le montant sont également masqués. La taille du ring, généralement fixée à 16, augmente la taille de la transaction de 15 à 20 fois, mais renforce l’anonymat. De son côté, les zk‑SNARKs offrent une preuve succincte que la transaction respecte le protocole sans révéler aucune donnée sous‑jacente. Ces preuves sont très petites, de l’ordre de quelques centaines d’octets, et se vérifient en quelques millisecondes. Zcash a d’abord utilisé un trusted setup, mais la mise à jour NU5 avec Halo 2 a éliminé ce besoin, renforçant la décentralisation. En termes de performances, la génération d’une preuve zk‑SNARK était initialement lente, environ 40 s, mais avec les améliorations récentes elle ne dépasse plus les 5 s. Les deux technologies ont leurs avantages : les anneaux sont simples à déployer et ne nécessitent pas de setup, tandis que les zk‑SNARKs offrent une confidentialité totale incluant l’expéditeur et le destinataire. Le choix dépend donc des exigences de l’application, du besoin de scalabilité et du cadre réglementaire. Il faut également considérer les impacts sur la consommation d’énergie et la taille du bloc. Enfin, la recherche sur la résistance quantique progresse, avec des signatures en anneau post‑quantum et des zk‑SNARKs basés sur des réseaux de treillis. Ainsi, le paysage de la confidentialité évolue rapidement, et les développeurs doivent rester informés des dernières avancées.

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